A quand remonte l’introduction des langues vivantes étrangères dans les écoles élémentaires françaises ?
Nous serions tentés d’évoquer le début des années 90, mais en fait l’entrée officielle de l’EPL (Enseignement précoce des langues) est une « vieille histoire » puisqu’elle remonte à 1965 même certaines initiatives ponctuelles avaient été lancées avant cette date, dans le cadre de jumelage. La première expérience eut lieu à Arles en 1954 à l’occasion d’un jumelage avec la ville de York (USA). Le contexte international de l’époque se révélait déjà porteur !
En France et en Europe
Les différents ministères de l’Education des pays membres de l’Europe préconisaient presque tous l’introduction d’au moins une « grande » langue européenne auprès des élèves de 10 ans dans un premier temps. L’enthousiasme seul ne suffit pas à garder ces expérimentations éparses en vie ! En 1965, le ministère de M. Haby décida de lancer une vaste expérimentation à l’échelle nationale qui concernait :
- Des enfants de classes diverses (de la maternelle à l’école élémentaire)
- Un éventail de langues européennes assez large
- Des enseignants de formation diverse
- Des horaires très variés
La prolifération d’expérimentations
On connut un foisonnement d’expérimentations d’enseignement des langues étrangères mais qui n’entraient pas forcément dans le dispositif officiel. Le ministère dût recadrer les conditions. Cet enseignement doit désormais suivre les étapes suivantes :
- Une sensibilisation selon la méthode dite « naturelle » au niveau pré-élémentaire
- Une phase d’approfondissement au niveau des CP-CE1
- Une phase de structuration au niveau des CM1/CM2
Ce recadrage était destiné à réduire l’expansion et la prolifération d’initiatives « sauvages », non répertoriées afin de pouvoir exercer un suivi scientifique par l’INRP (Institut National de Recherches Pédagogiques) et de mener des évaluations globales. Mais les résultats ne furent publiés que dans les années 80.
Que retenir des apprentissages linguistiques des élèves ?
Ceux-ci ont conclu que les élèves étaient en mesure de reconnaître des sons et des lignes mélodiques sur le plan phonologique. Ils avaient acquis quelques mots et pouvaient comprendre des éléments linguistiques simples dans un dialogue. Mais rien ne permettait de conclure sur l’existence d’une « production langagière » créative des élèves ou encore sur un véritable apprentissage et maîtrise de la langue étrangère. En 1974, environ 100 000 élèves étaient concernés par cet enseignement contre 500 000 pour l’année 1994-1995 (toutes classes confondues).
Les conclusions de ce rapport furent assez nuancées. Sans être « trop négatif », il y eu plusieurs recommandations émises pour apporter des améliorations : horaires d’enseignement insuffisants, enseignants pas assez formés, coût de l’opération très élevé. La priorité portait aussi sur le fait de pouvoir poursuivre des expériences sur un plus long terme à condition que soit assurée une continuité dans la scolarisation jusqu’au secondaire. Les initiatives qui ne remplissaient pas ces exigences furent appelées à disparaître progressivement. Toutefois, aucune mesure concrète ne fût prise.
Il faudra ensuite attendre 1989 pour le gouvernement de l’époque réenvisage un enseignement précoce des langues vivantes à l’école élémentaire. Nous aurons l’occasion de nous pencher prochainement sur la situation actuelle dans les écoles françaises.
2 commentaires
Sophie Rosenberger · 23 avril 2020 à 11:22
Many thanks!
Sophie Rosenberger · 23 avril 2020 à 17:12
Thank you!